Les expériences de politique urbaine menées à Vienne et à Francfort dans l’entre-deux-guerres – Das rote Wien et Das neue Frankfurt  – constituent aujourd’hui encore des références incontournables dans l’histoire du logement collectif en Europe. Les modèles architecturaux à l’origine de leur conception, le Hof à Vienne et la Siedlung à Francfort, représentent les «polarités extrêmes» des logements réalisés à cette époque. S’ils ont fait l’objet de nombreuses études, le principe de complémentarité qu’y décèle Alessandro Porotto à travers son analyse rigoureuse offre une piste de réflexion originale, que ce soit pour l’étude historique ou pour le potentiel architectural de ces réalisations. Au-delà de la compréhension documentaire des expériences viennoise et francfortoise, l’auteur les conçoit comme deux paradigmes d’organismes urbains appartenant pleinement à la ville contemporaine. À travers cette étude comparative émergent ainsi des questions cruciales quant au projet de logement collectif et à son évolution future. Sans s’arrêter sur des préjugés idéologiques, L’intelligence des formes présente une analyse critique allant de l’échelle de la ville au plan de logement pour présenter les résultats de ces deux modèles alternatifs de projet. Les documents d’archives viennent étoffer une série exhaustive de «redessins» méticuleux qui dévoile les complexités de ces ensembles, permettant de comparer aisément leurs spécificités typologiques. Les redessins de l’auteur forment ainsi, comme le signale Bruno Marchand dans sa préface, un lien très fort entre l’architecture et l’urbain. Associés au texte, ils donnent au lecteur un outil clé dans la compréhension des formes de logement, de leur vocation collective et de leur intelligence.